J'observe qu'on se gâche parfois (souvent) la vie à vouloir que la réalité soit différente de ce qu'elle est, qu'elle corresponde à nos attentes, qu'elle obéisse à nos désirs et à nos volontés. On veut ce qui n'est pas, on ne veut pas ce qui est, bref on vit dans un monde parallèle. Ne serait-ce pas là une habitude mentale toxique, une forme d'auto-sabotage ? Si les choses se déroulent parfois de la façon dont on le souhaite, le plus souvent la vie agrémente ou chamboule nos plans avec des surprises dont elle a le secret. On a donc tout intérêt à être flexible, à s'adapter à la vie plutôt que de vouloir l'inverse qui n'est de toute façon pas possible.
Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse de distinguer les premières des secondes. Marc Aurèle
Quand on n'accepte pas le présent tel qu'il est, on a aussi tendance à vouloir refaire le film du passé, on se voit alors dire des phrases du type "j'aurais dû faire autrement", "ça se serait passé différemment si...", etc. Comme on dit, "avec des si, on refait le monde". On se projette dans un imaginaire qui nourrit la frustration. Si nous avions pu faire autrement, nous l'aurions fait. Les choix que nous avons faits dans le passé nous paraissaient être les meilleurs options à un instant T, selon notre état de conscience, nos ressentis et les informations dont nous disposions à ce moment-là. Nous n'aurions pas pu en faire d'autres. Pour que le présent nous soit bénéfique, il est préférable d'aller au-delà de la déception et de tirer les leçons de l'expérience, sans culpabilité et sans s'appesantir sur nos supposées erreurs, pour faire mieux les prochaines fois. Faire de son mieux dans tout est la clé et personnellement je pars du principe que nous devions passer par toutes les expériences que l'on vit. Ne dit-on pas qu'il n'y a pas de hasard ? Si c'est le cas, cette phrase s'applique à tout moment, pas seulement quand ça nous arrange ou que ça nous émerveille.
Je remarque aussi souvent que même quand la vie répond à nos besoins et à nos désirs, on ne s'en trouve pas spécialement plus heureux, ça nous parait "normal" ou "banal". Peut-être y sommes-nous même indifférents ? L'avez-vous aussi expérimenté ou constaté ? On a obtenu ce que l'on voulait, on ne s'y attarde pas et on passe à autre chose rapidement. Parfois on trouve même encore à redire, on veut mieux, on veut plus, comme des éternels insatisfaits capricieux, comme si tout était acquis ou dû. Peut-être est-ce la société de surconsommation qui a réponse à tout, allant au-devant de nos demandes et créant même des besoins futiles, qui nous a influencés à vivre les choses de cette manière-là ?
La vie est abondante par nature mais je crois que nous devrions le voir comme une grâce, pas comme un dû. En prendre conscience et la remercier pour ses cadeaux, cultiver la gratitude et l'émerveillement au quotidien, c'est lui faire honneur. Quand on a des soucis de santé, quand des proches décèdent ou que l'on perd du matériel qui nous est cher, on se rend compte de ce qui était réellement précieux dans notre vie. Pourquoi attendre de vivre ces moments difficiles pour le réaliser alors qu'on pourrait le conscientiser bien avant et le célébrer à chaque instant ?
Un joli texte sur ce thème : "Remercie la vie", extrait du livre "Coeur de Cristal" de Frédéric Lenoir
Je me rappelle une anecdote avec un ami polonais, Igor, que je côtoyais à Tenerife. On s'étaient rencontrés simplement dans la rue au début de mon séjour, une jolie synchronicité ! Comme il était seul et véhiculé, on passait tous les week-ends ensemble à visiter l'île, c'était génial. On décidait de nos balades assez spontanément, souvent le jour même. Curieusement, un matin il n'a pas donné suite à mon message et est allé se promener seul. Il en avait bien sûr complètement le droit et la liberté mais j'ai été étonnée et un peu déçue. Plus tard, il m'a expliqué qu'il était parti précipitamment en direction d'Anaga au nord de l'île et qu'il n'avait pas pris le temps de répondre à mon message. Il avait besoin de se retrouver seul aussi car il vivait une période de transition délicate dans sa vie. Cette petite histoire a remis les choses à leur place dans mon esprit. Je prenais comme acquis nos excursions de fin de semaine ensemble, je le voyais comme une routine habituelle, plus comme un cadeau de la vie. Ça m'a permis de reconsidérer les moments passés avec lui et d'en être d'autant plus reconnaissante, de les voir à leur juste valeur comme une grâce divine qui m'avait été offerte.
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Cela dit, quand nous n'avons pas la possibilité d'agir sur l'extérieur, nous avons néanmoins toujours en notre possession une aptitude précieuse : la capacité de changer notre regard sur la vie. On peut faire le choix de changer notre perception des choses et notre état d'esprit par rapport à ce que nous vivons. En modifiant notre conscience, notre état d'être et nos réactions face à ce qu'il advient, on se transforme profondément. Plutôt que de nous rebiffer contre le réel, cette habilité d'esprit nous permet de tourner les situations en notre faveur, de convertir le négatif en positif, de voir le bon côté des choses. En disant "oui" à la vie, à ce qui est, des possibilités et des solutions surgissent, des voies s'ouvrent, jusqu'alors masquées par notre entêtement et notre refus de la réalité. C'est un exercice qui n'est pas facile au début mais qui devient de plus en plus naturel avec l'entrainement. Il me semble que c'est une agilité d'esprit à cultiver au quotidien pour apprendre, évoluer, recevoir les cadeaux de la vie et jouir de l'existence.
Cela implique un travail régulier sur l'ego qui entre inévitablement en résistance avec la vie quand celle-ci vient le contrecarrer, une sorte de mécanisme de protection. En fonction des souffrances vécues dans le passé (les fameuses "blessures de l'âme" décrites par Lise Bourbeau), l'ego met en place des stratégies pour nous protéger de possibles menaces. Quand on parvient à prendre du recul sur les situations et à observer nos mécanismes, on a de formidables occasions de faire des prises de conscience et de transmuter des aspects de nous qui ne demandent qu'à être vus pour être pacifiés. L'ego pense nous protéger en se braquant, en se crispant, en rejetant, mais il ne fait que perpétuer les schémas qui nous font stagner. L'énergie recircule quand on voit et qu'on accueille ce qui se passe en nous sans jugement, comme une mère qui écoute son enfant avec bienveillance et qui le réconforte, et qu'on adopte un autre regard sur les situations plutôt que d'y répondre toujours de la même manière en appliquant des croyances qui ne nous sont plus bénéfiques et qui nous font tourner en rond selon des programmes automatiques. Peu à peu, on peut apprendre à l'ego à lâcher le contrôle, à collaborer avec la vie et à suivre son mouvement. La détermination est de mise car l'ego ne se remet pas facilement en question, il a son fonctionnement et ses habitudes bien ancrées. Il va de soi que cela nécessite aussi un travail et une prise de distance envers le mental qui, marchant de pair avec l'ego, va venir nous susurrer plein d'histoires en fonction des blessures ressenties et des croyances jusque-là admises. À nous d'y adhérer ou pas.
Je me souviens d'un moment à Tenerife où j'ai vécu cela, un moment d'opposition à la vie. Je vivais dans un appartement en colocation dans le sud de l'île, à "Las Américas", une zone touristique. C'était mon quatrième lieu de vie en moins d'un mois sur la période de juin-juillet 2021. J'avais déjà séjourné dans un Airbnb, un hôtel et un logement en colocation. J'étais arrivée vers le 26 juin dans ce dernier endroit et j'avais envie d'y rester pendant tout l'été jusqu'à fin août. La vie en a voulu autrement. Vers le 20 juillet, j'ai appris que les propriétaires souhaitaient que l'on quitte l'appartement le 31 juillet au plus tard pour le louer en août. J'étais déçue et fatiguée à l'avance de devoir rechercher un nouvel hébergement à moindre coût. Pourquoi la vie voulait-elle que je bouge encore ?! Mais rapidement j'ai décidé d'adopter un autre regard sur la situation et de m'ouvrir à ce que ce changement pouvait m'apporter. L'issue en a été positive et pleine d'enseignements. Je décris cette expérience dans l'article "Nous sommes tous connectés".
Dans la vie quotidienne, on vit tous des situations où l'on aimerait que les choses soient autrement. Je pense à tous les temps d'attente, quand on est "pris" dans un embouteillage, une file d'attente au supermarché, qu'on patiente pour des rendez-vous médicaux, etc., on aimerait s'en libérer au plus vite en général. Pourquoi ne pas mettre à profit ce temps pour se relaxer, méditer, écouter de la musique, un podcast, lire, parler aux personnes qui nous entourent, etc. ? Au lieu de se considérer comme des victimes passives de la vie, soyons des acteurs créatifs ! Comme le dit Christophe André, "il n'y a pas de temps perdu, que du temps vécu".
L'ego veut nous faire croire que l'on veut vivre autre chose que ce qui est mais en réalité l'âme veut vivre exactement ce que l'on traverse (y compris le désaccord de l'ego). Gaëlle
On voit que le contrôle et le refus de la réalité est une disposition d'esprit commune quand on observe le langage courant. Ce n'est pas une critique de ma part, simplement une observation dans le but d'accéder à une meilleure connaissance de soi et davantage de bien-être. Je trouve que l'expression "c'est dommage" par exemple est symptomatique de notre habitude à refuser la réalité telle qu'elle se présente. Qu'est-ce que cette phrase signifie ? Elle dénote une déception : il est dommage que la réalité ne corresponde pas à la projection que je m'en étais fait, elle serait mieux si elle était comme je l'avais imaginée. Nous sommes donc insatisfaits mais cette insatisfaction, cette interprétation de la réalité, émane de nous, pas de la vie. Qu'est-ce qui se passe en nous à ce moment-là ? Pourquoi sommes-nous insatisfaits ? Sûrement parce que quand la vie ne répond pas à nos attentes, nous éprouvons des sentiments et des émotions dérangeants qu'on préfèrerait ne pas ressentir, peut-être de la déception, de la frustration, de l'impuissance (liée au contrôle), de la tristesse, de la colère, des peurs, etc., qui nous informent peut-être par ailleurs sur notre manière de penser et sur différents aspects de notre personnalité, le perfectionnisme, la rigidité, l'exigence, la critique, etc. Je trouve intéressant d'essayer d'identifier ce que cette phrase vient dire de soi. Peut-être est-ce une tendance au contrôle, à la prise de pouvoir sur l'extérieur ? Il est donc question ici de ce qui se passe en soi avant tout et la vie est douée pour nous faire vivre des expériences qui nous signalent tous les endroits qui nécessitent d'être éclairés par la lumière, qui ont besoin de compréhension, de compassion et de libération, ce que je décrivais précédemment en lien avec l'ego. C'est imparable ! Observer le vocabulaire que l'on utilise est un outil d'introspection intéressant pour dénicher nos croyances inconscientes. Dans le même ordre d'idées, on connait aussi l'expression "c'était trop beau pour être vrai", comme si encore une fois la vie s'était liguée contre nous. Si l'on a développé des croyances allant à notre encontre, nous pouvons aussi décider de les abandonner au profit de croyances bénéfiques pour nous comme "la vie veut le meilleur pour moi", "la vie pourvoit à tous mes besoins", "je suis protégé(e)", "la vie prend soin de moi", "la vie me guide vers mon plus haut potentiel", etc.
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Explorer des voies auxquelles on n'avait pas pensé : n'est-ce pas cela qui est intéressant, passionnant, exaltant dans l'existence ? Si toute notre vie se déroulait comme on l'avait planifiée, il n'y aurait pas de surprises, de défis, d'occasions d'apprendre et de grandir.
L'ego humain a cette tendance à se prendre pour Dieu, à vouloir tout contrôler, probablement pour se rassurer. Rappelons-nous que nous ne sommes pas réellement aux commandes de notre vie, c'est l'énergie créatrice universelle qui nous met en vie, pas nous (je parle ici de l'ego). C'est du domaine de l'âme, du spirituel, comme tout en fait puisque notre nature est d'essence divine.
Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine. Pierre Teilhard de Chardi
📚 Sur ces thèmes, j'aime beaucoup les livres de Lise Bourbeau, par exemple :
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